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par
Actualité Japon
Depuis deux ans, c’est sa vie, sa passion exclusive. Sylvain Huet, expert du sado (la cérémonie du thé), maître d’aïkido, vient de recevoir à Kyoto la consécration dans le monde du saké: il est le premier Français à être « saké samuraï ».
Ce titre est accordé par la très respectable Association des brasseurs de saké du Japon en reconnaissance d’une expertise exceptionnelle dans le domaine de cet alcool de riz, de son histoire, ses modes de fabrication.
« C’est pour moi plus une reconnaissance qu’une récompense. Après tout, samuraï signifie serviteur », dit à l’AFP Sylvain Huet, 42 ans, juste avant d’être intronisé vendredi au sanctuaire shinto Shimogamojinja de Kyoto, l’ancienne capitale impériale.
Apparemment rien ne le destinait ou prédestinait à entrer dans cette « religion » du nihonshu, le nom japonais du saké. Il n’est pas tombé dans la marmite comme un célèbre Gaulois de bande dessinée. Encore que: « je me souviens que, quand j’étais petit, je collectionnais à tout va des images sur le Japon ».
Il ne fait pas non plus « Langues O », la faculté parisienne où l’on apprend le chinois, le japonais et d’autres langues asiatiques, mais des études de mathématiques, physique-chimie à l’université d’Orsay, en région parisienne.
Parallèlement, il danse. Et pendant près de dix ans, il sera professionnel dans des petites compagnies de danse contemporaire, avant de fonder la sienne propre, qu’il baptise « l’Heure du thé ». Comme si le Japon lui trottait dans la tête.
Vient alors pour ce natif de Poissy (ouest de Paris) le temps de l’aïkido. « Avec 10 ans de danse dans les pattes, je progresse vite avec mon maître », raconte Sylvain qui enseignera à son tour jusqu’en 2009 cet art martial dans l’école de son professeur.
Il travaille dans le dessin graphique sur ordinateur, ou la consultance en marketing et publicité, mais le Japon est toujours là. Son blog, « la Passion du saké », en atteste.
Dès son premier voyage au Japon en 2001, il commence à s’intéresser à « ce merveilleux et élégant vin japonais », comme il dit lui-même. Il dévore toute la littérature qui en traite. Depuis lors il a fait une quinzaine de séjours au Japon, dont une année entière (de 2009 à 2010). Grâce à une bourse, il part à Kyoto étudier dans une « urasenke », une école de la cérémonie du thé, « le sado, la voie du thé », précise-t-il.
Plus proche du vin qu’on ne l’imagine
Autre passion, autre maître: le « petit Français » étudiera le nihonshu avec John Gauntner, qui est au saké ce que, selon certains, Robert Parker est au vin. Installé au Japon depuis 24 ans, Gauntner, un Américain de l’Ohio, est considéré comme le meilleur expert mondial non japonais. Auteur de plusieurs ouvrages de référence il est « saké samurai » depuis 2006.
Avec le « Sake guy » comme on l’appelle au Japon, Nicolas apprend, progresse: degré de polissage des grains de riz, filtrage ou pas, processus de fermentation, qualité de l’eau. Il passe ensuite aux dégustations à l’aveugle: Ginjoshu, Junmaishu, Honjozoshu, etc. Il progresse aussi en japonais qu’il parle aujourd’hui « assez pour surmonter cette peur de l’autre ».
En 2010, de retour en France, il décide de tout plaquer pour se consacrer totalement à la boisson symbole du pays du Soleil Levant: « Avant, j’étais plus un amateur éclairé, aujourd’hui c’est 100% de mon temps », raconte Sylvain qui projette d’ouvrir un « petit bar à saké » à Paris, « tel que je les connais au Japon ».
« Je suis en train d’écrire un livre de référence sur le sujet », dit-il, précisant avoir visité une quarantaine de sakakura (fabriques de saké) aux quatre coins du Japon, pour observer les mille et une façon de fabriquer ce qui pour lui est bien plus qu’un produit: « en buvant du saké, c’est un peu la culture du Japon » qui coule, « c’est ça que je veux faire passer ».
Malgré le thé, l’aïkido, sa passion pour le saké, sa bonne pratique du japonais, tous les amis et connaissances qu’il a dans l’archipel, Sylvain se sent « avant tout français ».
« J’ai une culture, je sais qui je suis, mais à chaque voyage je me découvre et j’apprends sur moi-même ».
La meilleure passerelle est probablement celle qu’il lance lui-même: « le saké est beaucoup plus proche du vin qu’on ne l’imagine ».
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