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Liberté de la presse et kisha clubs

Liberté de la presse et kisha clubs

Classé 53ème dans l’index RSF, le Japon reste un des pays développés les plus arriérés en matière de liberté de la presse.

 

Cette année encore, la publication du rapport de Reporters Sans Frontières sur le classement mondial de la liberté de la presse fait couler de l’encre.

Si les pelotons de tête et de queue restent inchangés, cette fois-ci, c’est vers le Japon que se tournent les projecteurs puisqu’il est passé de la 22ème à la 53ème place au cours de l’année 2012.

La plus importante baisse du continent asiatique, selon RSF, est principalement due aux difficultés d’accès aux informations relatives aux nucléaires et plus particulièrement à la centrale de Fukushima Daiichi, ainsi qu’à « l’existence du système discriminatoire des « kisha clubs », clubs de presse exclusifs qui restreignent l’accès à l’information à ses membres. ».

Ces derniers, existant depuis la fin du 19ème siècle, s’arrogent le monopole de certaines informations et empêchent l’accès des petites agences de presse, des journalistes freelance et des agences étrangères.

 

Un peu d’histoire

 

L’apparition du premier Kisha club date du XIXème siècle. En 1890, face à l’interdiction pour la presse d’accéder aux sessions inaugurales de la Diète, un reporter du journal Jiji Shinpô eut l’idée de lancer un club spécial de presse ayant accès au Parlement.

En 1941, l’accès en tant que membre à ce club a été diminué de deux-tiers de par la création de l’Union des journaux japonais, un organisme de contrôle de la presse.

Après le lancement de l’Association des maisons d’édition et des rédacteurs du Japon (ou Nihon Shinbun Kyoukai – littéralement : association des journaux japonais) en 1949, des règles strictes pour les Kisha Clubs furent mises en place.

Aujourd’hui, il existe près de 800 clubs officiels au Japon mais l’association Reporters Sans Frontières estime que le chiffre réel se rapprocherait plutôt du double.

Chaque club comprendrait entre 15 et 150 membres en excluant bien sûr le Club de Presse de la Diète qui en comprendrait plusieurs milliers et celui du Premier ministre qui en compterait plus de 500.

 

Critique des kisha clubs

 

De nombreuses associations et journalistes indépendants s’attaquent aux Kisha Clubs.

Dans un article paru en 2002, RSF accusait ces clubs d’être des « menaces sérieuses à la diffusion libre d’informations » en soutien à l’Union Européenne ayant fait la demande de permettre aux journalistes étrangers de disposer du même accès à l’information que les média japonais.

Pourtant connu pour certaines réformes libérales notamment la privatisation de la poste, Junichiro Koizumi, ancien Premier ministre du Japon de 2001 a 2006, n’a pas répondu à l’appel.

Le Parti Démocrate, en revanche, en avait fait l’un de ses thèmes de campagne pour les législatives en 2009 avec notamment la promesse de la lutte contre la bureaucratie et des connivences entre les médias et les hommes politiques et hauts-fonctionnaires.

Dès son accession au pouvoir en 2009, le PDJ joue la carte de l’ouverture et entreprend des réformes de fond de l’information et des médias.

Sous l’influence de Kazuhiro Haraguchi, alors ministre des Affaires intérieures et des Communications du Japon, des réformes sont entreprises pour permettre une plus grande diffusion des informations et renforcer la liberté d’expression.

Ainsi, le 26 mars 2010, Yukio Hatoyama donne la première conférence de presse ouverte aux médias en ligne et aux journalistes indépendants et, dans le même temps, un sondage était réalisé par Haraguchi afin de noter les ministères en fonction de leur ouverture aux organismes de presse et à leur transparence.

Une tâche d’envergure si l’on considère que durant les 53 ans de règne du Parti Libéral Démocrate, la corruption et les petits arrangements entre bureaucrates étaient bien installés.

C’est sans doute ce qui a pu coûter la victoire au Parti Démocrate aux dernières élections législative de décembre 2012.

Outre des promesses non tenues, le manque d’expérience des élus du parti ainsi que la faiblesse de leurs réseaux, et donc de leur influence, au sein de la bureaucratie politique ralentissait leurs actions politiques.

Avec seulement 57 sièges obtenus, le PDJ obtient son plus mauvais score aux élections depuis 1996, et les électeurs punissent ainsi le désormais parti de l’opposition de sa mauvaise gestion durant les quatre dernières années.

Coupées en plein élan, les réformes de libéralisation des médias au Japon risquent fort de rester au placard pour les prochaines années.

 

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