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Les investisseurs jouent l’arrivée d’un nouveau gouvernement

Les investisseurs jouent l’arrivée d’un nouveau gouvernement

La perspective d’une victoire du Parti libéral-démocrate (LDP) et, dans la foulée, d’une politique plus accommodante de la Banque du Japon, soutiennent le marché nippon tout en faisant reculer le yen. En deux jours, le Nikkei 225 s’est apprécié de quelque 4 %, franchissant le seuil symbolique des 9.000 points.

 

Le regain d’optimisme suscité par la perspective d’un changement de gouvernement au Japon a provoqué une baisse bienvenue du yen et, par ricochet, une remontée du Nikkei 225. En deux jours, l’indice tokyoïte s’est redressé de 4,15 %, ce qui lui a permis de franchir la barre symbolique des 9.000 points. Les valeurs exportatrices ont été les premières à bénéficier de ce rebond (Toyota, Sharp, etc.). Mais malgré cette performance, la Bourse nippone affiche encore un maigre gain de 6,7 % depuis le 1er janvier, ce qui en fait l’une des plus faibles performances en Asie et parmi les places boursières des pays développés (à égalité avec le Cac 40, qui prend 6,5 %). A 9.024,16 points, elle se situe en outre 12 % en deçà de son plus haut annuel touché durant la séance du 27 mars (10.255,15 points). L’ascension du Nikkei 225 va-t-elle se prolonger ?

 

La récession menace

 

Le Japon souffre de nombreux maux, qui dissuadent les investisseurs d’injecter de l’argent. A commencer par la menace « récessionniste ». Le produit intérieur brut (PIB) nippon s’est contracté de 0,9 % au troisième trimestre 2012 par rapport au précédent et de 3,5 % mesuré en glissement annuel. Un résultat légèrement plus mauvais que ce qu’anticipaient les économistes et qui suggère, si la baisse de l’activité se poursuit dans les mois à venir, une bascule en récession du pays. « Je ne peux pas nier la possibilité que le Japon soit tombé dans une phase de récession », a admis le ministre de l’Economie, Seiji Maehara. Après ces chiffres, les économistes ont revu leurs scénarios pour 2012. Laetitia Baldeschi, stratégiste chez CPR AM, table maintenant sur une contraction de l’activité au quatrième trimestre, contre une hausse de 0,1% précédemment, ce qui porterait la croissance du PIB à 1,6 % sur l’année (contre + 2,1 % attendu jusqu’alors), grâce au fort rebond du premier trimestre 2012, où les chantiers de reconstruction post-séisme et la consommation des ménages ont entretenu l’activité. Pour 2013 également, Laetitia Baldeschi a réduit sa prévision de croissance du PIB, à + 0,5 %.

Le ralentissement mondial, la crise souveraine en zone euro, les tensions diplomatiques avec la Chine pèsent sur l’économie japonaise, sans oublier l’appréciation de la devise nationale. Tokyo dispose-t-il de marges de manœuvre ? Peut-être, mais elles sont limitées compte tenu du niveau d’endettement du pays. Une éclaircie pointe cependant sur le front politique, puisqu’après des mois de blocage, le Premier ministre Yoshihiko Noda a accepté l’organisation d’élections législatives anticipées au mois de décembre. Scrutin qu’il va très certainement perdre.

 

Une victoire du LDP serait favorable au yen

 

Les derniers sondages sont favorables au parti démocrate-libéral, le LDP, la plus grande formation d’opposition de l’Archipel, dont l’homme fort, Shinzo Abe, pressenti pour devenir le futur Premier Ministre, est connu pour ses positions nationalistes et son discours féroce à l’égard du pouvoir communiste chinois. Il s’est aussi partisan d’un report de la hausse de la TVA, actée pour avril 2014, et à une politique monétaire plus accommodante dans le but d’inverser la tendance du yen, dont la fermeté nuit à la compétitivité des produits japonais. « Shinzo Abe va faire pression pour que la Banque du Japon s’engage dans un assouplissement monétaire en fixant un objectif d’inflation entre 2 et 3 % », explique Shun Maruyama de BNP Paribas.

En Bourse, les investisseurs jouent clairement ce scénario. Pour Rodolphe Taquet, responsable de la gestion actions internationales chez CPR AM, « aujourd’hui, le marché japonais est à la croisée des chemins, entre des valeurs peu chères et une devise trop forte qui pénalise les exportations. Mais un rattrapage de l’ordre de 10 à 15 % sur le Topix est toutefois possible d’ici à la fin de l’exercice fiscal » sous condition que le yen continue de baisser que les investisseurs étrangers reviennent « car ce ne sont pas les entreprises qui donnent des signaux positifs », note-t-il. Les géants Sony et Panasonic vivent des périodes très sombres qui les contraignent à de drastiques cures de minceur alors que leurs résultats s’effondrent.

D’un point de vue graphique, la prudence s’impose davantage sur le Nikkei 225, selon Jérôme Vinerier, analyste chez IG France. L’indice a « nettement sous performé, se contentant de consolider sous sa résistance des 9.315 points et son gap baissier hebdomadaire, alors que la plupart de ses homologues, dont le CAC 40, revenait à proximité de leur plus haut annuel courant septembre », note-t-il. Le courant vendeur pourrait se faire « plus offensif ». « Nous n’écartons pas le risque d’un retour sur le plus bas de ces douze derniers mois, c’est-à-dire dans la zone des 8.210 points ».

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