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par
Actualité Japon
Alors que de nombreux parents ne pensent pas pouvoir être manipulés par leurs bambins, des chercheurs japonais ont mis en lumière que les bébés étaient capables de simuler des pleurs pour avoir plus d’attention. Le point sur la conscience des bébés.
Dans « Pensées secrètes », ce roman de David Lodge qui fouille sans vergogne et avec beaucoup d’humour dans l’intimité de la conscience, le professeur Ralph, spécialiste en neurosciences cognitives, s’interroge de façon lancinante sur les larmes. Une énigme, les larmes : pourquoi cette manifestation spécifique à l’espèce humaine, à quoi servent-elles donc ?
Hikoko Nakayama, une chercheuse de l’université de Tokyo, est allée traquer le phénomène à sa source. Elle a filmé méticuleusement deux bébés, l’un de 6 mois, l’autre de 9 mois, recueillant une heure d’enregistrement vidéo deux fois par mois pendant six mois.
Deux chercheurs se sont ensuite penchés sur ces enregistrements pour isoler les épisodes de pleurs et coder attentivement les comportements qui les accompagnaient. 68 épisodes de pleurs chez le premier bébé (bébé R) et 34 pour le second (bébé M) ont ainsi pu être analysés.
Surprise : alors que chez l’un des deux bébés (M), 100% des pleurs s’accompagnaient de tous les signes de la souffrance, l’autre (R) ne manifestait ces signes que dans 98% des cas !
Dans 2% des crises, R était plutôt rigolard avant de se mettre soudainement à pleurer et se montrait à nouveau immédiatement de bonne humeur dès que sa mère s’approchait. Celle-ci reconnaissait d’ailleurs ces larmes comme une tricherie destinée à attirer son attention. Un fieffé menteur, le bébé R ?
Pour admettre que le mensonge se manifeste dès le berceau, il faudrait ignorer que mentir ne peut se concevoir sans une intention consciente. Or il n’y a pas de conscience chez le nourrisson.
Mais bien avant d’accéder au langage et à la conscience qui l’accompagne, l’être humain vit dans un bain d’interactions sensorimotrices qu’il apprend à utiliser à son profit.
Avant même de parler, nous pleurons. Et nous pleurons beaucoup, en accompagnant nos larmes de cris qui réveillent nos parents, et de grimaces qui les émeuvent. Les larmes sont un langage universel. A l’origine, elles représentent un réflexe traduisant un inconfort.
Lorsque le nourrisson souffre, le malaise produit des cris et des larmes, une crispation du visage, des contorsions de la bouche ainsi qu’une contracture de l’ensemble du corps et une agitation des membres.
Inutile alors d’être une mère expérimentée pour comprendre que bébé ne se sent pas bien, qu’il faut l’apaiser par le réconfort de sa présence, la chaleur de ses bras, le contact de son regard.
Au reflexe de souffrance de l’enfant répond ainsi un réflexe de sollicitude de la mère, mais aussi de tous ceux qui entourent le bébé.
Il ne faut pas plus de quelques heures après l’accouchement pour qu’une maman soit capable de distinguer les cris de son enfant de tous les autres cris. Et sans doute, il ne faut pas bien plus longtemps au bébé pour qu’il mesure que ses pleurs ne sont pas sans effet.
Les expressions émotionnelles du nourrisson rencontrent donc immédiatement un écho. Ses cris et ses larmes ne se font pas dans le vide : elles sont l’amorce d’un dialogue avec ceux qui s’occupent de lui. Il n’y a pas encore d’intention consciente mais l’ébauche d’une première communication.
Pourquoi s’étonner qu’à ce stade d’échange en apparence rudimentaire mais déjà orienté, le bébé se montre capable d’abuser ? Après quelques mois d’exercice (M et R ont plus de 6 mois), il a découvert l’effet positif de certaines de ses mimiques ; il les reproduit par plaisir et pour accaparer l’attention.
Tous les parents le savent bien et la recherche de Hikoko Nakayama ne leur apprendra rien. Le nourrisson n’est pas capable de mentir, mais il sait manipuler, c’est-à-dire utiliser les interactions à son avantage.
Raison pour laquelle on parle dès ce stade d’une forme de conscience, mais ce n’est encore qu’une conscience sensori-motrice dédiée à l’action. Le mensonge viendra plus tard quand l’enfant découvrira la puissance des interactions verbales.
Quand il sera capable de dire « Je » et de ne plus s’en tenir au langage du corps. Quand il découvrira l’infinie palette des mots pour exprimer ses désirs et ses émotions.
A ce moment-là apparait la conscience, la vraie, celle qui s’accompagne de la conscience de soi, qui se complique d’une conscience morale… et qui, à l’occasion, s’accorde l’intention de tromper.
Source: Atlantico
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