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Le Japon est de retour sur la scène nucléaire mondiale

Le Japon est de retour sur la scène nucléaire mondiale

Construction de réacteurs à Sinop en Turquie, accord sur un transfert de technologie avec les Emirats arabes unis… Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, peut savourer. Sa tournée internationale, terminée jeudi 4 mai, aura permis au Japon d’effectuer un retour spectaculaire sur la scène nucléaire mondiale.

 

Après la catastrophe de 2011 à la centrale de Fukushima, l’Archipel pouvait sembler hors jeu, d’autant que la concurrence sud-coréenne et chinoise se faisait de plus en plus active. Début 2013, quand une délégation japonaise s’était rendue en Turquie pour discuter de la centrale de Sinop, ses interlocuteurs lui auraient indiqué que « la Chine avait 99 % de chances de l’emporter ».

C’est finalement Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et son partenaire français Areva, qui ont décroché le contrat à 16,9 milliards d’euros. Preuve que, malgré Fukushima et l’arrêt des activités à l’international de la Compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco), ex-numéro deux mondial de l’électricité et responsable de la centrale endommagée, le gouvernement n’a jamais cessé de promouvoir les technologies nippones à l’étranger.

 

LOBBYING INTENSE

 

En octobre 2011, sept mois après Fukushima, le premier ministre de l’époque, Yoshihiko Noda, avait confirmé, avec son homologue vietnamien, Nguyen Tan Dung, « l’intention du Japon de fournir au Vietnam les technologies présentant le plus haut niveau mondial de sûreté  » pour la construction de deux réacteurs. Idem avec la Jordanie. Les accords de coopération signés en 2008 et 2009 ont été maintenus.

L’exportation du nucléaire reste une priorité de la stratégie de croissance nippone. Le marché est prometteur et, pour soutenir l’activité, le gouvernement a depuis longtemps mis en place une structure mêlant diplomatie économique et savoir-faire industriel.

Le ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie, mène un lobbying intense auprès des partenaires potentiels, en les aidant à trouver des financements.

Il s’appuie sur des structures semi-publiques, comme le Forum japonais de l’industrie atomique, dont le Centre de coopération international fournit une aide technique aux pays en développement. L’accord signé avec le Vietnam est le fruit d’un programme commencé en 2001, notamment pour la formation de techniciens vietnamiens dans l’Archipel.

 

« L’INDUSTRIE NUCLÉAIRE NIPPONE EST RESTÉE COMPÉTITIVE »

 

Sur le plan industriel, trois grands acteurs, Toshiba (avec General Electric), Hitachi (avec Westinghouse) et MHI, partenaire d’Areva, ont massivement investi pour devenir des acteurs mondiaux du nucléaire. L’accident de Fukushima s’est traduit par le gel de projets de construction de 16 réacteurs dans l’Archipel. Les marchés étrangers sont devenus vitaux pour eux.

« Les industriels japonais ont été prompts à souligner que leur expérience dans la gestion de la catastrophe de 2011 donnait au pays un savoir-faire supplémentaire à partager avec les clients », notait Ernst & Young dans une étude de 2012.

L’image de ces industriels ne semble pas avoir souffert de Fukushima car ils ont mis en avant que la catastrophe était un problème de sûreté et non de technologie. « Malgré Fukushima, ajoute Ernst & Young, l’industrie nucléaire nippone est restée compétitive, tout en maintenant son excellente réputation et sa capacité à proposer plusieurs compétences uniques ». Le savoir-faire sur le plan sismique aurait notamment incité Ankara à retenir le tandem MHI-Areva.

 

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