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Actualité Japon
La chancelière allemande, Angela Merkel, a fait part, jeudi 24 janvier à Davos, de sa « préoccupation » à l’égard de la nouvelle politique monétaire du Japon, qui, selon certains, pourrait raviver une « guerre des monnaies ». « Je dois admettre que je ne suis pas sans être préoccupée par le Japon en ce moment », a déclaré Mme Merkel, devant un parterre d’hommes d’affaires et de responsables politiques, réunis dans le cadre du 43e Forum économique mondial (WEF).
Mme Merkel a expliqué qu’il y avait au sein du G20, le groupe des vingt économies les plus puissantes de la planète, « davantage de conscience » sur la question des « manipulations des taux de change ». « La Chine a réagi très favorablement et a répondu à nos demandes avec un certain changement de politique », a-t-elle assuré, avant d’exprimer sa préoccupation vis-à-vis du Japon.
Le président de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, avait déjà vivement critiqué, lundi, les pressions du gouvernement japonais sur la banque du pays. « Nous assistons à des abus dangereux (…) quand on voit le nouveau gouvernement [japonais] s’immiscer massivement dans les affaires de la banque centrale, l’appelant de force à s’engager dans une politique monétaire plus agressive », avait dénoncé M. Weidmann.
DÉMENTI DU JAPON
Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, avait lui aussi exprimé la semaine dernière sa préoccupation à l’égard de la politique du nouveau gouvernement japonais. Le vice-ministre des finances japonais a toutefois nié jeudi une manipulation monétaire de la part de son gouvernement visant à faire baisser le yen, et a rejeté les critiques extérieures sur les risques d’une guerre monétaire internationale.
« Le Japon n’a nullement l’intention de provoquer une dévaluation compétitive du yen », a déclaré Takehiko Nakao dans un entretien accordé au Wall Street Journal. M. Nakao a également déclaré que les changements de politique monétaire décidés cette semaine par la banque centrale du Japon (BOJ) ne faisaient pas partie d’un plan visant à manipuler la valeur de la devise nippone.
LUTTE CONTRE LA DÉFLATION
Les nouvelles mesures de la BOJ, qui comprennent la fixation d’un objectif d’inflation de 2 %, visent d’abord à lutter contre la déflation chronique dans laquelle se débat le Japon depuis une quinzaine d’années, et à donner un nouvel élan à la troisième plus grande économie du monde, actuellement grippée, a argué le ministre.
La monnaie japonaise avait atteint à la fin de 2011 un niveau record face au dollar, qui est alors descendu aux environs de 75 yens. Elle est restée forte pendant la majeure partie de 2012, inquiétant les patrons de sociétés exportatrices qui ont vu fondre leurs marges. Les autorités japonaises sont intervenues sur les marchés des changes à quatre reprises entre septembre 2010 et octobre 2011 pour tenter de stopper la fuite en avant du yen, des efforts qui ont eu peu de succès, tout en s’attirant des critiques.
La devise nippone a finalement amorcé un déclin rapide par rapport au dollar et à l’euro ces dernières semaines. Ce retournement coïncide avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement de droite, conduit par Shinzo Abe, qui a promis de guérir l’économie de ses maux, en relançant la dépense publique et en harcelant le gouverneur de la Banque du Japon pour qu’elle consente à ouvrir plus grandes les vannes du crédit.
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