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La BOJ cède aux pressions du gouvernement Abe

La BOJ cède aux pressions du gouvernement Abe

La Banque du Japon (BoJ) a annoncé, mardi 22 janvier, promis des rachats d’actifs illimités à partir de 2014 et doublé son objectif d’inflation, à 2 %. Ces mesures musclées sont destinées à permettre à l’économie de l’archipel de sortir durablement de la stagnation et répondent aux pressions du nouveau gouvernement conservateur de Shinzo Abe.

 

Une fois que son programme actuel de rachats d’actifs et de prêts sera arrivé à échéance à la fin 2013, la Banque du Japon rachètera chaque mois un certain montant d’actifs sans se fixer de date butoir. Cette mesure a pu surprendre certains observateurs qui pensaient que la BoJ se contenterait de relever encore pour une durée limitée le montant de son programme de rachat d’actifs. Le taux d’intérêt de court terme a été maintenu à 0-0,1 %. La BoJ avait fixé son objectif d’inflation à 1 % en février 2012 et a assoupli sa politique à cinq reprises l’an dernier, la dernière fois en décembre, via des augmentations de son programme de rachats d’actifs.

Depuis des semaines, avant même d’être élu chef du gouvernement le 26 décembre dernier, M. Abe réclamait à cor et à cri à la BoJ plus d’audace afin de contrecarrer pour de bon la déflation et mettre un terme durable à l’ascension historique du yen depuis trop ans. Réagissant à ces annonces, le premier ministre M. Abe a estimé que la BoJ avait compris la réflexion du gouvernement sur les questions de politique monétaire, évoquant une décision qui marquerait un tournant. Taro Aso, le ministre des finances, a quant à lui déclaré que les annonces de la BoJ avaient été hautement appréciées, tant sur la question du rachat illimité d’actifs que sur celle d’un doublement de l’objectif d’inflation.

Jusqu’à mardi, la banque centrale avait promis d’injecter 101 000 milliards de yens (850 milliards d’euros) grâce à son programme de rachats d’actifs et de prêts qui s’achève fin 2013, mais n’avait rien dit de ses intentions pour 2014. A partir de l’an prochain, la BoJ a déclaré qu’elle rachèterait 13 000 milliards de yens d’actifs par mois, sans fixer de date limite. Shinzo Abe a présenté le 11 janvier un vaste plan de relance de 10 300 milliards de yens (87 milliards d’euros) et devrait encore faire pression sur la banque centrale d’ici aux élections sénatoriales de juillet.

 

INQUIÉTUDES ALLEMANDES

 

Le premier ministre est également soupçonné de vouloir installer à la tête de la Banque du Japon une personnalité plus proche de ses objectifs de politique économique, le mandat du gouverneur Masaaki Shirakawa s’achevant en avril. Le ministre des finances allemand Wolfgang Schäuble et le président de la Bundesbank Jens Weidmann se sont publiquement inquiétés ces derniers jours des pressions exercées par Tokyo sur sa banque centrale, censée être indépendante.

Taro Aso a garanti que Tokyo n’entendait pas modifier l’encadrement législatif de la Banque du Japon. M. Abe considère que le combat pour en finir avec les maux qui rongent l’économie japonaise depuis des années exige d’être mené de façon coordonnée entre le pouvoir exécutif (avec des mesures budgétaires et réglementaires) et la banque centrale (avec des dispositions monétaires).

Des économistes relèvent toutefois que le plan de relance pourrait n’avoir qu’un effet temporaire sur l’économie japonaise si le gouvernement ne l’accompagne pas d’une série de réformes, en particulier dans le secteur agricole, étroitement régulé. Ils craignent également que le gouvernement s’expose à un retour de manivelle s’il ne parvient pas à convaincre les marchés qu’il est capable de ramener la dette japonaise à un niveau acceptable.

Soucieux de répondre à ces interrogations, le gouvernement a assuré qu’il mettrait au point une stratégie de croissance et qu’il entreprendrait des réformes qui permettraient d’en finir avec la déflation tout en garantissant le respect de la discipline budgétaire. Signe que la bataille contre la déflation durera un certain temps encore, la BoJ a publié une mise à jour de ses statistiques montrant une nouvelle diminution des prix durant l’exercice fiscal en cours et une hausse limitée à 0,9 % pour l’année fiscale qui s’achèvera en mars 2015.

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