Le premier ministre Shinzo Abe s’engage envers les femmes actives et leur besoin de garderies, contre leur principal obstacle : le voisinage allergique au bruit
Les efforts du premier ministre japonais Shinzo Abe pour aider les femmes à concilier emploi et vie de famille se heurtent aujourd’hui à un obstacle : l’opposition des résidents, qui craignent que les cris d’enfants ne gâchent la tranquillité de leur quartier, si une garderie y était construite.
Le taux de natalité chute au Japon, mais force est de constater que beaucoup d’enfants, n’ayant pas encore l’âge d’aller à l’école, restent en attente sur les listes d’inscription en garderie à cause d’une pénurie chronique de services et d’infrastructures.
Le premier ministre Shinzo Abe a fait le serment de résoudre le problème car son but est d’inciter plus de femmes à travailler en entreprise, afin de booster l’économie et de compenser la diminution et le vieillissement de la population japonaise.
Sa mission n’est cependant pas toujours facile car les locaux accueillent souvent les projets de garderie avec un «Pas dans mon quartier» ( NIMBY ou «not in my backyard» en anglais), alors que ce genre de réaction est d’habitude associé à l’implantation de base militaire ou de prison.
Prenons l’exemple de l’arrondissement de Setagaya 世田谷区, à Tokyo, qui présente le record nationale avec plus de de 1 000 enfants sur liste d’attente !
«Que sont pour nous, les voix de nos enfants : du bruit ? ou de l’espoir ?»
Ainsi était intitulée une récente déclaration du maire de l’arrondissement de Setagaya, Mr Nobuto Hosaka, dans lequel il précise : «Nous sommes tiraillés d’une part par les parents qui réclament à cor et à cri «la construction de nouvelles garderies dès que possible» et ceux qui nous disent «ne pas vouloir de garderie(s) dans leur tranquille quartier»
«L’arrondissement de Setagaya aura besoin de la construction de 70 à 80 nouveaux centres car il faudra encore faire face à 6 500 enfants supplémentaires durant les 4 prochaines années.» a déclaré Kota TANAKA, responsable d’une équipe de 15 personnes chargée d’accélérer le processus.
Mais les plaintes des résidents constituent un véritable obstacle. «Ils disent que les cris des enfants sont très forts et nuisent à la tranquillité du voisinage» a déclaré Mr TANAKA aux journalistes. Quelques résidents ont même porté plainte et ont demandé des compensations pour «pollution sonore» à cause de la garderie toute proche, a commenté Mr le maire qui, ancien membre du parlement, propose : «Le Japon devrait s’inspirer de l’Allemagne et modifier la loi de façon à empêcher ce genre de poursuites».
«La population infantile décline. C’est pourquoi les citoyens pensent que, non seulement, cela ne les concerne plus, mais qu’en plus, cela leur sera désagréable» a aussi commenté à la NHK, M. Fumiharu Yamagata, professeur à l’Université du Kansai 関西大学.
Le bruyant problème pourrait toutefois se résoudre par lui-même si toutes les actions menées pour booster le taux de natalité échouent.
En effet, un groupe de réflexion ordonné par le gouvernement, a prévu que seul 7% de la population sera , en 2060, âgé de moins de 15 ans … si le plus pessimiste des scénarios démographiques se réalise : une population totale réduite à moins de 80 millions d’individus, soit une perte de plus d’un tiers de la population japonaise actuelle.
Source : Japan Times || Image : Shutterstock.com
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