Ce n’est plus un secret, le Japon atteint des records en ce qui concerne les inégalités entre les hommes et femmes. En 2014, le Forum économique mondial a classé le Japon à la 104ème place pour la participation de la femme dans l’économie et la politique.
En se basant sur ces chiffres, vous pouvez penser que le Japon semble être un mauvais pays pour les femmes, mais vous vous trompez. Malgré le fait qu’il y ait des écarts importants entre les hommes et les femmes dans les domaines du travail, de l’économie et la politique, dans d’autres secteurs de la société japonaise, les femmes ont « beaucoup trop » de pouvoir.
Jetons un œil aux 5 domaines où les femmes sont les plus puissantes au Japon.
La nouvelle initiative du Premier ministre Shinzo Abe, nommée « womenomics », a pour but de casser la culture d’entreprise traditionnellement axée sur les hommes, de permettre aux femmes de garder plus facilement leur emploi et d’évoluer dans leur carrière tout en élevant des enfants.
Actuellement 50 à 60 % des femmes japonaises quittent leur emploi après la naissance de leur enfant. L’initiative womenomics permettra 1 million de main-d’œuvre féminine, explique Shinzo Abe. Il souhaite aussi propulser 54,5 % des travailleuses à temps partiel à des postes à temps plein.
Bien que cet objectif soit admirable et probablement nécessaire pour compenser une main-d’œuvre de moins en moins nombreuse et vieillissante, ce plan d’action peut poser certains problèmes. La raison est que les japonaises ont déjà beaucoup de pouvoirs et qu’elles ne seront pas prêtes à revoir à la baisse certains de leurs privilèges pour en gagner de nouveaux.
1. Au Japon, la maternité est une carrière fortement respectée.
Nous pouvons effectivement parler de carrière. Une mère japonaise se consacre à 100 % pour élever ses enfants, elle veille à leur éducation et à la gestion des tâches ménagères. C’est une fierté pour elle. En effet, beaucoup de Japonais ne comprennent pas pourquoi les mères au foyer des pays occidentaux ne sont pas tout autant considérées.
L’accent est mis sur le lien avec les enfants (c’est-à-dire : être tout le temps là pour eux), leur éducation (la maternelle au Japon commence à 3 ans), ainsi que de leur garde au quotidien, en leur préparant des repas nutritifs et en s’occupant de leur santé. On s’attend à ce que les mères se consacrent entièrement au bien-être de leur enfant, en tous points.
Si vous avez quelques doutes, regardez le courant Kyaraben, une tendance où les femmes mettent des heures de travail dans la fabrication du déjeuner pour l’école le plus mignon possible pour leur enfant.
Une fois à l’école maternelle, on attend à ce que les mères suivent scrupuleusement les instructions scolaires, notamment d’attacher des étiquettes nominatives sur chacun des effets personnels et d’apprendre aux enfants les salutations appropriées entre eux, avec leurs professeurs ou leurs aînés.
2. Les femmes japonaises peuvent faire des études supérieures pour être mère.
Même si beaucoup de femmes vont jusqu’au BAC +4, un grand pourcentage ira 2 ans au lycée pour acquérir des compétences de secrétariat comme la comptabilité, ou des enseignements dans la nutrition, l’éducation des enfants, les soins, la musique et la littérature.
Remarquez-vous une sorte de modèle ? Tous ces domaines ont pour objectif de former de bonnes mères, qui auront des enfants épanouis et instruits. Après tout, si elle souhaite fonder une famille, elle peut apprendre à le faire correctement pendant 2 ans, comme vous pour une autre carrière.
3. Au Japon, les femmes tiennent les comptes.
Avec une telle femme aux commandes du ménage, il n’est pas étonnant que, lorsqu’elle se marie, elle prenne la responsabilité des finances. Le mari rend son salaire à sa femme qui s’occupe de toutes les dépenses et lui octroie de l’argent de poche, qui avoisine les 400 € par mois.
Eh oui, les femmes font la loi ici. Elles ont aussi leur propre compte bancaire « secret » qu’elles fournissent chaque mois, pour couvrir les dépenses personnes, les folies occasionnelles ou même commencer les économies pour la retraite.
4. Les femmes japonaises ont accès à des soins maternels de qualité.
Lorsqu’il s’agit d’avoir des bébés, personne ne le fait mieux que les japonaises. Avec le taux de mortalité infantile parmi les plus bas au monde, les mères ne rentrent jamais immédiatement à la maison après avoir donné naissance. Au lieu de cela, les mères peuvent profiter de 5 à 10 jours en salle de maternité pour se reposer et se remettre de l’accouchement.
Pendant ce temps, les nouvelles mères seront instruites, par des professionnels, sur la façon de prendre soin de leur nouveau-né. Les femmes peuvent choisir de donner naissance dans des cliniques publiques ou privées et l’Assurance Santé Nationale du Japon couvre les frais à hauteur de 420 000 yens (environ 3 000 €), un montant basé sur le coût moyen d’un accouchement.
De plus, leur propre mère restera généralement à la maison, pendant le premier mois après la naissance du bébé, pour l’aider dans la cuisine, le ménage, la garde des autres enfants et sera là pour leur apporter toute l’assistance, l’encouragement et les conseils nécessaires.
5. Les femmes obtiennent presque toujours la garde des enfants lors du divorce.
Selon le Code Civil japonais, lors d’un divorce, les droits parentaux sont donnés à la mère ou au père mais pas les deux. La garde commune est illégale et l’histoire a montré que les tribunaux favorisent le droit de la mère. Le parent qui ne reçoit pas la garde de l’enfant, ne le revoit généralement plus jamais. Des visites peuvent être arrangées de façon informelle, mais beaucoup de femmes ne le permettent pas.
Hajime Tanoue, avocat spécialisé explique : « Par le passé, les pères de la Deuxième Guerre Mondiale avaient la garde unique de leurs enfants. Après la guerre, le Général Douglas MacArthur a renversé cette loi, donnant les droits aux mères en cas de divorces ».
« Les mères gagnent dans 90 % des décisions de garde des tribunaux. Quelques ex-femmes insistent pour leurs ex-maris ne revoient jamais leurs enfants. Même si le tribunal décide que le mari peut voir ses enfants une fois par mois, son ex-femme peut décider de ne pas s’y soumettre et de ne pas subir les conséquences ».
Ainsi le Japon, n’est pas toujours un pays pour les hommes. En fait, lorsqu’il s’agit de la vie familiale, l’homme passe le plus clair de son temps au travail, à faire des heures supplémentaires pour ramener le riz à la maison.
Avec la maternité élevée au rang de l’art, il est difficile d’imaginer des femmes voulant renoncer à leur carrière maternelle au profit de la culture d’entreprise qui obligent à de nombreuses heures de travail, rognant sur la vie familiale et leur proposant des salaires bas. Ce sont les véritables coupables du manque de femmes à temps plein sur le marché du travail.
Une fois que vous commencez à voir la maternité comme une carrière, il faudrait vous demander s’il est juste de demander ou même de s’attendre à ce que les femmes changent pour une carrière différente juste parce que c’est un choix plus lucratif ou parce que des besoins d’emplois sont à remplir.
Si les femmes choisissent la maternité comme une carrière et ont un sentiment d’accomplissement, cela n’est pas suffisant ? Si un homme décide d’aller dans un lycée technique pour réaliser son rêve de devenir mécanicien, lui demanderiez-vous de changer de carrière ? Et puis, si les femmes quittent la maison pour le travail, qui remplira le vide à la maison ?
En France, il serait injuste de prétendre qu’un homme n’est pas capable d’élever un enfant comme une femme. Mais c’est parce que nous avons un équilibre vie professionnelle / vie privée différent pour nos emplois et nos familles. Au Japon, il y a une différence fondamentale : les hommes travaillent et les femmes créent l’équilibre.
Source : Rocketnews24 || images : Shutterstock.com
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