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par
Actualité Japon
Le gouvernement japonais a repoussé d’une semaine la nomination du gouverneur de la Banque du Japon(BoJ).
Une décision qui alimente les rumeurs de frictions entre le Premier ministre et le ministre des Finances sur le choix de l’homme qui sera chargé d’adopter une politique aggressive de soutien à la croissance.
Le Premier ministre Shinzo Abe exige une politique monétaire ultra-accommodante du nouveau gouverneur qui doit être nommé d’ici fin mars, afin de sortir enfin le Japon de la déflation.
Mais le ministre des Finances Taro Aso et d’autres membres du parti au pouvoir recherchent un candidat plus modéré, selon des sources proches du processus de sélection. Certains responsables du gouvernement craignent qu’un gouverneur trop radical ne crée des perturbations sur les marchés financiers.
« Il y a probablement quelques désaccords entre (Taro) Aso et (Shinzo) Abe », note Hiroaki Muto, économiste chez Sumitomo Mitsui Asset Management.
Shinzo Abe a déclaré lundi qu’il ferait une annonce « bientôt » et des sources proches de l’affaire ont dit s’attendre à une nomination au début de cette semaine.
Toutefois, le ministre de l’Economie Akira Amari a déclaré mardi que le gouvernement ne nommerait pas le gouverneur, ni les
vice-gouverneurs, avant le retour du Premier ministre de son voyage aux Etats-Unis prévu du 21 au 24 février.
« Après le retour du Premier ministre Shinzo Abe, nous poserons les bases d’un accord avec les partis d’opposition dans le courant du mois », a dit Akira Amari lors d’une conférence de presse à la suite d’une réunion de cabinet.
Le Parlement doit approuver le nomination du gouvernement, y compris à la Chambre haute, où Shinzo Abe n’a pas la majorité.
Ce report est également en partie dû à une règle parlementaire fixée par les partis au pouvoir et de l’opposition il y a cinq ans selon laquelle une fois le nom d’un candidat ébruité dans la presse, celui-ci est automatiquement disqualifié.
A cause de cette règle, il est difficile de faire circuler des noms au sein de la classe politique en quête d’un compromis.
Shinzo Abe cherche à remettre cette règle en question, rapportent des parlementaires et responsables du gouvernement proches du processus de sélection. Mais cela prend plus de temps que prévu, certains membres du principal parti d’opposition, le Parti démocrate du Japon (PDJ), souhaitant la maintenir.
TOSHIRO MUTO EN TÊTE
Shinzo Abe fait pression depuis son arrivée au pouvoir au mois de décembre en faveur d’une politique monétaire ultra-accomodante destinée à relancer une économie japonaise qui stagne depuis des années, entraînant le yen en forte baisse.
Sous sa pression, la banque centrale japonaise a pris les mesures les plus agressives de son histoire en janvier, doublant son objectif d’inflation à 2% et acceptant de mettre en place un programme illimité de rachats d’actifs à partir de 2014.
Le yen a chuté de plus de 15% face au dollar depuis le mois de novembre, éveillant la crainte de dévaluations compétitives et suscitant les protestations de ses partenaires commerciaux.
Ce recul du yen a favorisé la Bourse de Tokyo, qui a bondi de plus de 30% sur la même période, dans l’espoir que la faiblesse de la monnaie relance les exportations du pays.
Des sources proches du processus de sélection rapportent que Shinzo Abe a d’ores et déjà retenu une liste restreinte de candidats comprenant Haruhiko Kuroda, qui dirige la Banque Asiatique de Développement, et Kazumasa Iwata, ancien économiste du gouvernement et vice-gouverneur de la BoJ.
Haruhiko Kuroda a ouvertement critiqué la politique menée par le gouverner actuel Masaaki Shirakawa et appelé au rachat par la BoJ d’obligations étrangères pour freiner la hausse du yen, mesure que Shinzo Abe également considéré comme une option.
Toutefois, les sources estiment que le favori est Toshiro Muto, ancien haut fonctionnaire au ministère des Finances et vice-gouverneur de la BoJ. Selon des analystes, il mènerait une politique plus agressive que Masaaki Shirakawa, tout en évitant de prendre des mesures radicales soutenues par certains des autres candidats.
« J’ai le sentiment que Taro Aso est en faveur de Toshiro Muto et que Shinzo Abe préfère Kazumasa Iwata. Ensuite il faut négocier avec les partis d’opposition. L’un des deux sera nommé gouverneur de la BoJ », estime pour sa part Hiroaki Muto, l’économiste de Sumitomo Mitsui AM.
« Cela pourrait provoquer quelques déceptions car la seule façon de surprendre les investisseurs est de prendre des mesures non conventionnelles. »
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