« Botchi-zoku », ces adeptes d’une sous-culture en plein essor, créent intentionnellement des environnements isolés afin d’obtenir un sentiment d’accomplissement.
« Botchi » vient du mot japonais «hitoribotchi», signifiant seul ou solitaire, tandis que « zoku » se réfère à une famille ou un groupe soudé. Certains Japonais, qui apprécient des activités telles que la danse en solo dans les discothèques ou se faire un barbecue tout seul, ont inspiré des événements botchi-zoku et la création de nouveaux produits répondant à leurs besoins.
La société japonaise est désormais habituée au style de vie « ohitori-sama », dans lequel les japonais cherchent la perfection dans la solitude et croient qu’ils peuvent tout faire sans l’aide des autres, mais les botchi-zoku vont bien au-delà.
Danser pour soi
Au début du mois de juin, 18 personnes ont participé à un événement appelé « discothèque silencieuse » tenue dans le quartier de Kanda à Tokyo. Tous les participants, portaient un casque sans fil reliés à la platine du DJ et dansaient dans une salle silencieuse. Malgré le contexte inhabituel, ils étaient absorbés dans leur solitude et semblaient profiter de l’expérience.
« Je portais mon casque avec appréhension et étais un peu gêné par mon manque d’expérience en discothèque. Sans conversation et bruit ambiant, le regard des autres ne semblait plus exister et j’ai commencé à bouger mon corps naturellement. J’ai alors réalisé que ça allait être bien plus amusant que ce à quoi je m’attendais. » indique Takako Sasamoto, journaliste au Nikkei, ayant tenté l’expérience.
Selon Chikako Oshiro, une particpante de 32 ans, « La sensation réaliste d’être avec d’autres personnes m’a aidé à danser seule sur la musique. »
D’après Yu Amemiya, l’organisateur de l’événement âgé de 23 ans, la discothèque silencieuse est apparue aux États-Unis et en Europe dans les années 1980 en tant que mesure de prévention du bruit. Depuis le mois de février, il a déjà organisé six événements de ce genre, attirant plus de 100 personnes.
« Vous ne devez pas vous forcer à vous mettre dans l’ambiance avec les autres danseurs. Vous pouvez vous amuser en tournant le volume uniquement lorsque votre musique préférée est diffusée. » explique Amemiya, vantant les charmes de la discothèque silencieuse.
Solitude dans une tente
Les entreprises japonaises ont entendu parler de l’essor du « botchi ». La société d’équipement de plein air be-s , située dans la préfecture d’Osaka a créé une « tente botchi ». Cette tente est destinée à être placé dans un bureau, en intérieur.
La tente mesure 1,3 mètres sur 1,3 mètres et fait 1,6 mètres de haut. A l’intérieur, on se sent comme dans un box d’un café Internet. L’ouverture se verrouille de l’intérieur.
La tente botchi a été conçue par Hayato Kawase, 31 ans, par égard pour ceux qui désirent être seul, même dans leur lieu de travail. Il a reçu des critiques favorables depuis sa commercialisation en mai dernier.
Les acheteurs ont indiqué l’utiliser comme un lieu pour étudier sans être dérangé par les membres de la famille ou en tant que base secrète pour les adultes. La société a indiqué avoir vendu plusieurs milliers de tentes.
Pour répondre à la demande botchi, la société a également sorti en mars un barbecue pour personne seule.
Mayumi Asai, une rédactrice de 29 ans à Tokyo, a pu apprécier le barbecue botchi un matin d’avril dans le parc de Suginami à Tokyo.
Elle n’a apporté que quelques ingrédients, dont de la viande, des crevettes et des pétoncles. Un bon samaritain qui l’a aidé à allumer son barbecue l’a invité à un déjeuner organisé à proximité, mais elle a refusé.
« Quand je grille ma nourriture seule, je n’ai pas à m’inquiéter sur le fait de partager ma viande persillée. Si je souhaite profiter de l’expérience du barbecue, faire cela avec d’autres personnes est seulement une nuisance » dit-elle.
Séance de cinéma en solitaire
Les boites en carton « cinéma » ont récemment beaucoup fait parler d’elles sur Twitter. Les utilisateurs mettent des boites en carton sur la tête, se couchent et regardent des films sur un smartphone fixé à sur celui-ci.
Les utilisateurs de Twitter qui ont essayé le cinéma en carton ont diffusés des photos avec des commentaires tels que « Vous aurez toujours l’impression d’être dans une salle de cinéma pour vos films d’action. »
« Je suis un simple journaliste de 30 ans qui a de nombreuses raisons de prétendre être un «ohitori-sama. ». Bien que je ne me sente pas encore au niveau d’un ohitori-sama, je peux comprendre le désir de solitude des botchi-zoku.
Pour vous dire la vérité, je me suis récemment intéressé à une histoire de « mariage en solitaire » dans lequel les femmes portent une robe de mariée et profitent d’une cérémonie de mariage. Je me suis demandé si je devais faire ça. » avoue Takako Sasamoto, rédactrice du journal Nikkei.
Source : Yomiuri Shimbin
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