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Ces mères working-girls : pionnières dans le domaine.

Ces mères working-girls : pionnières dans le domaine.

Nous allons vous présenter cinq mères working-girls qui essayent de comprendre comment certaines femmes font pour concilier leur carrière et leur vie familiale.

 

Bien que les Japonaises soient au même niveau que leurs homologues masculins dans la réussite scolaire, le Japon se situe seulement à la 104ème place pour l’égalité des sexes parmi 142 pays et territoires, selon le Rapport de 2014 du Forum Mondial de l’Economie. En effet, le talon d’Achille du pays est son faible taux de main-d’œuvre féminine, la société faisant pression sur les femmes pour qu’elles se marient et deviennent des femmes d’intérieur.

Cependant, les mères working-girls présentées ci-dessous défient les stéréotypes du genre tristement célèbre et partagent une force de résistance et la croyance qu’elles peuvent travailler, indépendamment de leur statuts de parent. Mieux encore, elles peuvent être considérées comme modèles pour le Premier Ministre Shinzo Abe dans sa stratégie de croissance économique : « womenomics ».

 

Yukiko Imazu

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« C’était mon devoir d’ouvrir la voie et de briser le plafond de verre. » – Yukiko Imazu.

Yukiko Imazu est la première partenaire féminine d’Anderson Mori & Tomotsune, un des plus grands et prestigieux cabinets juridiques du pays. Elle est aussi la première partenaire de l’entreprise à avoir pris son congé maternité.

Lors de l’école primaire, ses parents l’avaient poussée à croire que les femme de sa génération devraient travailler en dehors de la maison et que l’idée de devenir femme au foyer devenait « démodée ».

« Tu devras avoir certaines compétences pour pouvoir travailler toute une vie, » l’a prévenu son père.

Après la fin de ses études à l’Université Keio et l’obtention de ses diplômes afin de devenir avocate, elle rejoint en 1996 Anderson & Mori. Deux ans plus tard, elle se marie et a un enfant. Son entreprise n’avait pas de politique de congé maternité.

« J’étais très nerveuse, » se rappelle Imazu. « Je devais quitter le bureau à 19h pour aller chercher ma fille à la garderie à 20h. Le premier jour je suis retournée au travail pour envoyer un mail à mes collègues pour leur expliquer que je voulais travailler mais que je devais aussi récupérer ma fille à des heures précises et que je ne pouvais pas être flexible dans mes horaires. Je n’ai reçu aucune réponse. »

Parfois elle devait quitter des réunions tôt et s’excusait pour ses « sorties furtives ». Imazu pouvait rester tard seulement les fois où son mari pouvait récupérer leur fille.

Heureusement, le centre de garderie situé près de chez elle, gardait sa fille jusqu’à 20h et la faisait dîner, un exception parmi les garderies qui exigent généralement de récupérer les enfants avant l’heure du dîner, vers 18h. Le directeur avant-gardiste de cette garderie pensait que ces mères devaient être soutenues.

La famille d’Imazu a contribué dans la poursuite de sa carrière. Quand sa fille est entrée à l’école maternelle, la mère d’Imazu allait récupérer son enfant à midi, puis l’après-midi après la classe et la gardait chez elle jusqu’à ce qu’Imazu passe la chercher le soir. Maintenant adolescente, la fille d’Imazu continue d’aller chez sa grand-mère après l’école.

En 2005, Anderson & Mori fusionna avec Tomotsune & Kimura pour devenir aujourd’hui Anderson Mori & Tomotsune. Fortuitement, Akiko Kimura a ouvert la voie à Imazu pour être promue partenaire cette année.

« C’était mon devoir d’ouvrir la voie et de briser le plafond de verre, » se souvient Imazu.

Imazu pense aux propositions d’Abe concernant les trois ans de congés maternité. « Si j’avais pris un an, je n’aurais pas voulu retourner au travail, » dit-elle. « Donc trois ans, ça serait hors de question. »

Les employées, dit-elle, devraient « travailler plus efficacement et ne pas être jugés par leur temps de présence au travail. Les hommes devraient également passer plus de temps hors du travail pour s’occuper de leurs familles. »

Imazu est reconnaissante du soutien qu’elle a reçu autrefois. « Les mères, » dit-elle, « tsunemi mawari ni kansha » : ne pourraient travailler sans l’aide des autres.

 

Miho Sakai

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« Les femmes sont nées en sachant faire plusieurs choses à la fois et elles peuvent utiliser cette expérience au travail » – Miho Sakai

Miho Sakai, née à Sendai et mère de jumeaux de 9 ans, est Directrice Marketing au bureau de Brightcove à Tokyo, une société de médias numériques, dont le siège social est à Boston. L’engagement de Sakai pour sa carrière lui vient de ses expériences vécues à l’étranger. « Peut-être que c’est parce que je suis allée aux États-Unis et que j’ai appris à faire les choses par moi-même, ou bien c’est juste ma personnalité. » explique Sakai.

Adolescente, elle part aux États-Unis étudier l’anglais puis entre à l’Université de San Francisco. Elle réussit par la suite à trouver un travail chez Sega chez qui elle restera 5 ans. Une fois retournée au Japon, Sakai se maria, eut des enfants, les plaça dans une garderie sécurisée et populaire et continua à travailler dans l’industrie technologique. Son mari fut muté aux États-Unis pendant cinq ans, elle décidé alors de devenir femme au foyer à temps plein.

 

 

 

De nouveau revenue au Japon, Sakai a repris son ancien poste. Elle travaille avec les équipes d’Asie-Pacifique et d’Amérique du Nord de son entreprise, lui permettant ainsi d’utiliser ses compétences linguistiques et sa compréhension biculturelle. Bien qu’elle travaille habituellement neuf heures par jour et repart à 18h30 quand ses enfants rentrent de l’école, elle reprend le travail, une fois ceux-ci couchés et se lève souvent tôt pour finir son travail.

Elle explique que son directeur n’est pas comme les autres. Il ne se préoccupe pas du nombre d’heures effectuées mais seulement que le travail soit fait. Il a une façon de penser plutôt Occidentale, de par son master dans l’administration d’entreprises de l’Université « Tuck School of Business » de Dartmouth, une université prestigieuse de la côte Est des États-Unis. Elle obtient aussi l’acceptation de sa situation par sa société multinationale.

Sans parents proches d’elle, le mari de Sakai est son plus grand supporter.

« Bien qu’il soit très occupé, il me soutient mentalement, »  dit-elle. « Si la maison devient un peu désordonnée, il commence à ranger les affaires sans que je lui dise quoi que ce soit. »

Ses plus proches amies lui donnent aussi régulièrement un coup de main. Elles aussi, sont des mères working-girls et se comprennent.

En fin de compte, Sakai estime que les femmes font partie intégrante du succès de n’importe quelle entreprise.

« Les femmes sont nées en sachant faire plusieurs choses à la fois et elles peuvent utiliser cette expérience au travail », dit-elle.

«Toutes les femmes ne veulent pas forcément travailler et élever des enfants, mais celles qui pensent être douées pour cela, devraient le faire. »

Elle croit que c’est essentiel pour les mères working-girls d’avoir le soutien de leur mari. « Vous ne voudriez pas créer des problèmes dans votre couple, »  dit-elle. « Hum… Je pense que je devrais passer un peu plus de temps avec mon mari. »

 

Megumi Uchida

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« Le manque de lois soutenant les mères working-girls est un grand fardeau pour les femmes et cela n’aide pas à créer un environnement propice au travail. » – Megumi Uchida

Megumi Uchida est consultante immobilière dans une entreprise qui offre aux clients des solutions d’affaires complètes pour leurs investissements. Elle est aussi une mère célibataire et a une fille de 5 ans. Pour Uchida, ne pas travailler n’est pas une option.

Une garderie s’occupe de sa fille de 7h30 à 18h tous les jours, mais quand Uchida doit rencontrer des clients le soir, elle doit aller chercher sa fille, l’amener chez sa sœur aînée et ensuite retourner au travail. « Je pense que je gaspille une à deux heures par jour, par mes aller-retour en train, en récupérant ma fille et en la déposant chez quelqu’un qui pourra s’occuper d’elle » dit Uchida. « Cela coûte aussi beaucoup d’argent pour les taxis. »

Uchida a ouvert sa propre entreprise par nécessité. La seule façon d’augmenter ses revenus dans son ancienne entreprise était de faire des heures supplémentaires, ce qui n’était pas possible car elle doit s’occuper de sa fille.

« Ceux que je surveillais étaient bien mieux payés, » dit-elle. « J’ai défié l’entreprise en leur disant que je pourrais boucler la même charge de travail pendant mes heures de travail. Ils ont répondu que l’entreprise ne pense pas d’une telle façon. »

Cependant, quand Uchida est tombée malade, très probablement à cause du stress, elle a dû réduire sa charge de travail, ce qui l’a rendu inéligible à continuer le service de garderie de sa fille, car elle ne pouvait accomplir les heures minimales exigées des mères pour recevoir les avantages de garde d’enfant publics.

« J’ai besoin que ma fille coopère pour prendre en charge certaines choses, » dit-elle. « Cela peut être trop compliqué pour une enfant de 4 ans, mais je lui explique que je ne peux pas toujours faire comme les autres familles. Je suis une maman seule et nous sommes une famille de deux. Je travaillerai dur et je ferai tout ce que je peux pour elle, y compris lui payer ses cours de danse classique. Je me demande si elle pense que c’est un lourd fardeau et je m’en sens coupable. »

Uchida estime qu’elle avait peu de soutien.

« Mes parents étaient opposés aux enfants avant le mariage, » se souvient-elle. « J’ai du couper les ponts avec eux et avoir mon bébé sans aucune aide. »

Aujourd’hui, cependant, nous nous sommes enfin réconciliés. « J’aimerais déménager pour être plus près de ma famille, mais il y a aucune ouverture de garderie vers chez eux, » dit-elle. « C’est plus simple pour moi d’attendre encore un an ou deux jusqu’à ce qu’elle entre à l’école primaire. »

« Le manque de lois soutenant les mères working-girls est un grand fardeau pour les femmes et cela n’aide pas à créer un environnement propice au travail, » dit-elle. « Cela ne semble pas être compris par les politiciens. Je me sens concernée par ce qui arrivera à la génération de ma fille une fois adulte. »

 

Yuki Honda

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« Les enfants deviennent plus équilibré quand des personnes autres que la mère, à savoir le père et les autres adultes de la famille, sont impliqués dans le processus d’éducation. » – Yuki Honda.

Yuki Honda est professeur de Science Sociale dans l’éducation à l’Université de Tokyo et mère de deux adolescents. Elle est avocate porte-parole de l’égalité des sexes et a écrit ou édité plus de 15 livres et documents universitaires sur la famille et l’éducation.

« Quand j’étais très jeune, ma grand-mère maternelle avait l’habitude de me dire de travailler, » se rappelle Honda. « Elle a élevé ma mère et ma tante (toute seule) après que son mari soit mort jeune. Cela a du être très difficile pour elle de gagner sa vie. Ma mère aussi a travaillé, j’ai donc été élevée par cette grand-mère. Je l’ai aimée et elle m’a inspirée. »

La vie d’un professeur offre un emploi du temps assez flexible à Honda.

Pendant sa présence au campus pour enseigner, elle raconte, « je décide comment je travaille, combien de temps je travaille et quand je travaille. »

L’inconvénient à cela, cependant, est qu’elle a l’habitude de travailler après le dîner et tard dans la nuit. Avec sa fille maintenant au lycée et impliquée dans les clubs d’activités qui ont lieu avant et après l’école, Honda se réveille à 5h40 pour préparer une boîte de déjeuner. « Je suis toujours en manque de sommeil et groggy, » dit-elle, buvant à petites gorgées du Red Bull.

Honda et son conjoint, qui est aussi professeur avec les mêmes horaires flexibles, maintiennent un calendrier hebdomadaire pour s’assurer que les tâches ménagères soient partagées.

Sans parents à Tokyo, ils ont dû compter sur l’aide d’une garderie et des aides péri-scolaires.

Honda trouve que les femmes japonaises devraient réviser leur façon d’élever leurs enfants. « Les enfants deviennent plus équilibré quand des personnes autres que la mère, à savoir le père et les autres adultes de la famille, sont impliqués dans le processus d’éducation, » dit-elle.

De plus, Honda voudrait dissiper le mythe où les enfants devraient être élevés par leurs mères jusqu’à ce qu’ils aient 3 ans. « Il est crucial de commencer à construire le vocabulaire de l’enfant quand il a l’âge d’apprendre à parler, » dit-elle. « Si les enfants passent leur trois ans seulement avec leur mère, ils risquent de prendre du retard. »

« J’ai remarqué que les mères japonaises se sentent souvent coupables de travailler, pensant que cela gène la famille, » dit-elle. « Je voudrais leur dire de ne pas se sentir coupable et qu’il y a beaucoup de bonnes choses dans le travail pour une mère. »

Quand aux rôles traditionnels des genres au Japon, Honda trouve que peu importe que ce soit un homme ou une femme,  ils sont désavantagés en cas de divorce. « Les deux sont autant désavantagés car ils ne peuvent jouer qu’un seul rôle. En particulier les femmes, qui font face à la privation financière, » dit-elle. « Les statistiques montrent que les mères célibataires gagnent très peu d’argent et sont particulièrement vulnérables. Je pense que c’est important pour les femmes de devenir financièrement indépendantes. »

 

Reiko Kaneko

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« Aujourd’hui, prendre soin de mes enfants est ma première priorité. Je penserai à mon propre futur quand ils seront plus vieux. » Reiko Kaneko.

Reiko Kaneko est un médecin industriel et est employée dans une grande entreprise qui exige d’avoir un docteur a temps plein sur place. Elle a un enfant de 5 ans et un bambin d’1 an.

Les parents de Kaneko l’ont élevée dans la croyance que les femmes devaient travailler et obtenir des diplômes. Intéressée par la biologie, la faculté de médecine semblait être un choix naturel. Cependant, sa carrière passe après sa famille.

« Je ne suis pas intéressée par l’obtention d’une promotion ou d’un haut poste qualifié, » dit Kaneko. « Aujourd’hui, prendre soin de mes enfants est ma première priorité. Je penserai à mon propre futur quand ils seront plus vieux. »

Kaneko est entièrement responsable des emplois du temps de ses enfants comme les heures de travail de son mari sont à rallonge. La garderie et l’école maternelle de ses enfants sont proches l’une de l’autre, donc l’organisation du matin est gérable. Cependant, après qu’elle ait quitté le travail à 17h, elle va chercher son aîné, qui est dans une garderie puis doit récupérer son plus jeune enfant dans une garderie différente. En cas d’urgence, elle demande à ses beaux-parents vivant à Tokyo.

« Je voudrai détendre mes horaires de travail pour mes enfants, » dit-elle. « Cependant, si je le faisais, mes enfants pourraient devenir inéligibles aux services de garde d’enfants. »

Kaneko dit que les garderies devraient être encouragées à s’occuper des enfants de mères à temps partiel. Qui plus est, dit-elle, le gouvernement devraient créer des programmes qui soutiennent le baby-sitting et employer des personnes âgées pour la garde d’enfants.

A présent, n’importe quelle réduction des heures de travail obligeraient les mères à placer leurs enfants en garderies privées. « Cela peut être très chère, » dit-elle « Vous finirez par y dépenser tous vos revenus. »

Kaneko se sent frustrée par le gouvernement qui ne fait rien malgré des années de critiques. « Cette question devrait être abordée, d’autant plus que le taux de naissance du pays chute et que le vieillissement de la population japonaise devient une préoccupation sérieuse, » dit-elle.

Kaneko espère que ses enfants considèreront les mères working-girls comme la norme. « Ils penseront que c’est naturel pour une femme de continuer à travailler après son mariage, » dit-elle.

 

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Source : The Japan Times

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